Mémoires de guerre

J’ai passé une partie de mon enfance là où de rudes combats avaient eu lieu pendant la première guerre mondiale. Comme quelque chose que l’on vous rabâche, on finit par s’en désintéresser. Le week-end, j’aimais chausser mes baskets et faire un jogging dans la campagne environnante. Je passais par un petit sentier en pente, bordé d’arbres. C’était un lieu très romantique. J’aimais beaucoup cet endroit, mais bizarrement, en passant par là j’avais toujours un petit pincement que je n’expliquais pas.

J’avais l’impression que l’on m’observait mais je préférais ne pas y penser. Un jour où le temps n’était pas terrible, je passais par mon sentier lorsque j’eus la désagréable sensation que quelqu’un s’échappait. Ce que j’avais vu en vision périphérique était comme une impression. Je me suis dit que ça pouvait être un animal, un oiseau,… La fois suivante, même chose, sauf que j’ai nettement perçu une personne plutôt grande s’échappant d’un lieu bien précis et portant une tenue bleue. En tout cas pas un jogging.

Je demandais à un ami de m’accompagner craignant d’avoir à faire à un sadique. Je lui montrais l’endroit. On essaya de trouver des traces de pas, d’herbe écrasée, rien.

Quelques jours plus tard, il m’appela pour me dire qu’à l’endroit où j’avais vu « la personne », des morceaux de bois que nous avions ignorés étaient en fait les ossements d’un soldat de la guerre 14. Le fémur, intact, appartenait à une personne de grande taille.

M’avait-il guidé jusqu’à lui ?

Nathalie – Arras